lundi 16 janvier 2012


Ce matin là Cerise se réveilla et aperçu un papillon qui voletait au-dessus d'elle. Il la regardait avec de grands yeux obsédants. Langoureusement, il détournait la tête de gauche à droite, de droite à gauche,entrainant avec lui le regard abasourdi de Cerise.


Soudainement, d’étranges voix résonnèrent partout dans sa tête, tel un chant d’église ou une chanson mortuaire. Le regard du papillon emporta Cerise dans un univers accablant où seules les larmes pouvaient couler; où tout était si sombre qu’elle croyait mourir. Plus la douce et pathétique mélodie retentissait dans son crane plus Cerise se sentait bouleversée. Les tintements des notes vagabondaient dans son esprit et trahissaient le malheur qui s'abattait sur les lourds piliers du monde. La musique s'étendait en dehors même du corps de Cerise, empoignant de son malheureux son la nature environnante. Les basses enivraient le sol de leurs tremblements et de leur chaleur. Les violons jouaient un air inconnu : une vague de tristesse s’échappait et s’étalait tout au long des cours et des maisons, des ruines et des balles.

L'univers de Cerise n'était plus que guerre : les fusils criaient comme des chiens en pleine chasse, les hommes courraient pour fuir la peste qui se propageait comme un démon sur la terre. Les brouillard ardents cachaient les issues, les être étaient bondés de désespoir. Les plaintes parvenaient aux oreilles de Cerise : les enfants déchus pleuraient et suppliaient un dieu absent, les hommes s’envoyaient en l’air avec des filles de joies, faisant la fête et donnant des ordres. Cerise restait agenouillée, parfaitement hypnotisée par les images que lui envoyait le papillon.

Dans les tranchées se cachaient des milliers de soldats la peur au ventre, les tripes emmêlées et l’estomac nouée. Les femmes s'écorchaient le cœur sur le pas de leurs portes, attendant le retour d'un mort vivant. Les cœurs adverses s'affrontant à la force de leurs mains, prononçant des adieux mortifiants, les champs de batailles prirent l'apparence d'épais animaux farcis à l'homme.



Après avoir perdu sang et âme, les êtres revenaient hanter une vie qui déjà ne leur appartenait plus. Mordant leur chair morte, crachant des entrailles putrides, ils pleuraient sur le goût d'une tasse de thé bien chaude.


Dans un mouvement brusque, le papillon libéra Cerise de son emprise. Celle-ci regarda la pluie tomber avec une intense fascination. Elle pleurait elle aussi... elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau.

La suite au prochain épisode

Vos Affreux Conteurs

mercredi 4 janvier 2012





Peu de temps après, Cerise gisait sur une pierre fraîche de la roseraie. Si elle n'était pas morte, elle refusait de bouger avant de l'être. Le seul sujet d'évasion de Cerise était le calme de la nuit, la douceur de la lune au dessus de sa tête. Le visage lunaire compatissait à la douleur de la petite.
Les bras pendants, le regard vide, Cerise laissait retomber ses cheveux sur la pierre glacée. Elle était inerte, la mort dans l'âme, la main tendu vers les roses, les bras marqués par les lignes de son malheur...



Tout autour d'elle, les lucioles s'affolaient gaiment à l'idée d'un repas avancé, un repas de chair douloureuse, une cerise bien goûteuse...


La suite au prochain épisode,


Vos affreux conteurs

vendredi 16 décembre 2011




Cerise était une fillette au sommeil troublé par de surprenants rêves. Ces rêves étaient plus tristes les uns que les autres. Sa tristesse inondait ses rêves de noir. La seule couleur qui égayait sa vie était celle de ces cheveux. Cerise était rousse, sa chevelure était d'un rouge vif, puissant, parfois terrifiant. Ses pommettes étaient minces et creuses, et sur ses joues, coulaient des larmes. Ses lèvres étaient d’une blancheur pénétrante, inquiétante.



Cerise n'avait qu'un ami, son arbre. Mais il était mourant. Depuis lors, seules la douleur et l'amertume l'envahissaient. Cerise s'était bâtit un univers autour de son désespoir. Chaque jour était comme un poids dans son dos, comme un fardeaux sur sa faible carcasse.

Un soir d'orage, le funeste destin se mit à l'œuvre. L'arbre commença à gémir tandis que la tempête grondait. Sous les yeux horrifiés de Cerise, l'arbre laissa tomber ses fruits qui se transformèrent en chair à confiture dès qu'ils furent sur le sol.



Peu à peu, l'arbre se dessécha. Son écorce craquait sous les zébrures du ciel, et termina en poussière. Il ne restait de lui qu'une motte de terre noirâtre et desséchée, quelques traces d'entrailles pourries...



Humbles baisers,




La suite au prochain épisode,



Vos affreux conteurs

mardi 13 décembre 2011







Tendres et affreux visiteurs,



Bienvenue dans notre laboratoire narratif, où le texte et le dessin se mêleront, marchant de concert pour vous éblouir, vous réjouir, vous effrayer parfois, selon le bon vouloir de nos humeurs suintantes, et qui sait, peut-être le gluant de vos propres humeurs, à l'envie, fera frémir le sombre fil de nos histoires.


Commençons dès maintenant par la publication du conte de Cerise. Afin de faire saliver à souhait vos douces papilles, seule la page de couverture de ce conte vous servira de menu repas.


Ne restez pas sur votre faim et contentez votre appétit en nous déclarant la grandeur de votre gourmandise !


A partir de 100 affreuses visites, votre ambition sera satisfaite et nous pourrons partager ensemble les fruits de notre triste labeur.


Humbles baisers,


Vos affreux conteurs